"Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa, commence la journée par quelques tours de stoupa au son des gyalings."

Jeudi 30 juillet. Ce matin, Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa, commence la journée par quelques tours de stoupa au son des gyalings. Une vingtaine de personnes le suivent, ravies de cette opportunité d’unir leurs souhaits à ceux d’un grand maître – le stoupa n’est que rarement pris d’assaut de la sorte ! Puis, Karmapa se dirige vers le chapiteau, accompagné d’un cortège plus imposant encore.
En cette année qui marque les 40 ans de Dhagpo, la venue exceptionnelle de Karmapa est principalement axée sur la pratique. L’un de ses souhaits était en effet d’accomplir des méditations collectives et c’est précisément à cela que sont consacrés les deux derniers jours de sa visite. Au programme aujourd’hui : mise en application des instructions et de l’initiation reçues les jours précédents. Ou, au moins, entraînement… ! La journée est donc orientée, une fois de plus, vers le développement de la compassion à travers le rituel de Tchenrézi. Deux sessions de pratique avec Karmapa sont proposées – une le matin et une l’après-midi.

"Karmapa tient à redonner quelques instructions et à introduire l’assistance à la pratique de Tchenrézi, telle que lui-même l’a reçue. "

Avant que l’oumzé – la personne chargée de guider le rituel par le chant – ne commence son œuvre, Karmapa tient à redonner quelques instructions et à introduire l’assistance à la pratique de Tchenrézi, telle que lui-même l’a reçue. Comme il le souligne, nous devons d’abord tourner notre esprit vers la lignée qui a permis la transmission de cette méditation de manière ininterrompue depuis le Bouddha jusqu’à nous. C’est ce qui l’a gardée vivante. Si nous nous rappelons tous les maîtres passés qui ont contribué à ce que nous puissions la pratiquer à présent, nous pouvons développer la confiance. Comme le dit Karmapa, on se rend alors compte qu’il ne s’agit pas d’une fantaisie, mais d’une méthode qui fonctionne réellement ! Avec une telle compréhension, une véritable inspiration se développe, l’intention de suivre leur exemple, de marcher dans leur sillage. En effet, d’un point de vue spirituel, nous sommes comme des enfants en bas âge : pour progresser, nous devons imiter les maîtres – et là, Karmapa fait référence à leur façon d’agir, à ce qu’ils ont pratiqué, et non à leur caractère ou leur personnalité.
Pour avancer sur le chemin et cultiver de plus en plus de qualités, le secret est la répétition. Elle est bénéfique, importante. Elle fait partie du processus par lequel nous devons passer. Pour que son efficience nous soit plus évidente, Karmapa fait ici une analogie avec la cuisine ; il s’agit un peu de suivre une recette à la lettre, puis de s’y entraîner, encore et encore, jusqu’à ce que le résultat soit satisfaisant. Karmapa remarque également que nous avons généralement tendance à considérer la spiritualité comme quelque chose d’extraordinaire et à la placer hors de notre portée. Nous la séparons du reste, en quelque sorte. Or, il semblerait que cette façon de l’envisager nous amène à quelque chose de mécanique et nous empêche de voir les choses telles qu’elles sont. Cela nous bloque, ce qui est bien dommage car c’est le contraire du but de la pratique !

Détail d'une tanka de l'Arbre de refuge où sont représentés les Maîtres de la Ligné du Rosaire d'Or (Karma Kagyu) - © HimalayanArt.org

Karmapa précise ensuite le sens des différents types de pratiques – celles qui sont reliées aux maîtres (gourou yoga) et celles qui sont reliées aux yidams comme Tchenrézi. La pratique du maître nous fait connaître ses qualités – il est ici question des qualités éveillées qui se trouvent en germe en chaque être. La pratique d’un yidam nous permet quant à elle d’entrer en contact avec ces qualités puisque c’est précisément ce que représente un tel support de méditation, à travers de nombreux symboles. Mais l’une ne va pas sans l’autre car même si le yidam incarne à lui seul les qualités que nous cherchons à déployer, nous avons besoin d’un maître ayant eu des expériences semblables aux nôtres, accessible, afin d’être inspirés par son parcours.
Karmapa donne un dernier conseil : avant d’entamer la méditation de Tchenrézi, il est bon de prendre quelques instants pour cultiver la compassion, l’éprouver sincèrement. Pour cela, il suffit de se remémorer un moment de notre vie où nous l’avons ressentie – sous la forme de l’affection envers un proche, par exemple. Cultiver un tel état d’esprit évitera une transition un peu rude entre vie quotidienne et pratique formelle, et le passage de l’un à l’autre se fera ainsi plus naturellement.

"L’assemblée reprend en chœur ces fameux mots chargés d’un sens profond."

Le chant de l’oumzé s’élève alors, entraînant les pratiquants au rythme de sa voix mélodieuse qui ondule sur les syllabes. L’assemblée reprend en chœur ces fameux mots chargés d’un sens profond. Le son produit par ces centaines de personnes est puissant, à la fois doux et enthousiaste. Il devient soudain beaucoup plus aisé de s’imaginer entouré de tous les êtres, comme indiqué dans le rituel. On dit généralement qu’une pratique est plus porteuse si elle est faite en groupe. Que dire alors d’une méditation sur l’amour et la compassion illimités réalisée par… 1600 personnes ? Et qui plus est en présence d’un authentique bodhisattva, une chance exceptionnelle ! Néanmoins, une fois n’est pas coutume, cette bonne fortune se représentera demain, dernier jour de présence de Karmapa…

"Et qui plus est en présence d’un authentique bodhisattva, une chance exceptionnelle !"

 

Site officiel de Karmapa : karmapa.org