autel d'Amitabha pour Shamarpa

La célébration d’un anniversaire est l’affaire d’un groupe. Nous nous rassemblons autour d’un événement afin de nourrir une mémoire commune. Le rappel, l’attention, la reconnaissance qui se pratique individuellement, devient alors collective. C’est dans ce sens que les célébrations du premier anniversaire du parinirvana de Kunzik Shamar Rinpoché sont importantes pour nous tous, la sangha de Karmapa.

Nous l’avons déjà exprimé : le départ de la manifestation d’un bodhisattva de haute réalisation comme le Shamarpa est une grande perte pour le monde, pour tout le monde. Se rassembler pour pratiquer ensemble à l’occasion de cet anniversaire a plusieurs raisons.

Karmapa l’avait signalé il y a quelques mois : « le temps du deuil est venu ». Commémorer un départ permet à chacun d’intégrer la perte, de la faire sienne. Mais là n’est pas l’essentiel. Le plus important est de générer les conditions du retour de Shamarpa. Nous avons besoin de sa manifestions physique, son « toulkou » (corps de manifestation). Bien sur son activité est continue, elle est bien plus vaste que la personne de Shamarpa que nous avons connu et que nous souhaitons revoir. Néanmoins, nous avons besoin de ce support formel. La manifestation attendue du 15ème Shamar Rinpoché est aussi la garantie de la continuation de la lignée Kagyu, tout comme pour le Karmapa. C’est leur engagement de bodhisattva pour le bien des êtres : préserver l’héritage de Gampopa, de la lignée du Mahamoudra, garder pur ce joyaux afin de le rendre accessible au plus grand nombre.

Pour nous tous, commémorer le départ de Shamarpa signifie générer les causes de son retour, de son prompt retour. A cette occasion, à Dhagpo, nous pratiquons ensemble les méditations du vajrayana (Amitabha et Gyalwa Gyamtso) et particulièrement les festins d’offrande (tsok). Outre la bénédiction que ces pratiques véhiculent, elles sont sources d’un vaste mérite, ce que Thayé Dorjé appelle la force vitale de l’esprit. De plus, la pratique collective des tantras démultiplie le bienfait accumulé. Guendun Rinpoché nous expliquait souvent que si l’on est trois à pratiquer Tchenrézi au même moment mais chacun chez soi, c’est bien sur bénéfique, mais ça l’est beaucoup plus si les trois pratiquants se rassemblent dans un même lieu pour méditer ensemble la divinité.

Evidemment, chacun ne peut venir en Dordogne pour se joindre à ces célébrations – il y en a deux : le 2 juin (calendrier tibétain) et le 11 juin (calendrier occidental). Mais durant ces deux jours, partout dans le monde où le bouddhisme est pratiqué, des gens inspirés par le dharma et la lignée Kagyu vont se réunir pour, d’une manière ou d’une autre, rassembler les causes et les conditions du retour du maître. On peut, à cette occasion, pratiquer Tchenrézi, accumuler la prière de prompt retour composée par Thayé Dorjé, accomplir le rituel d’Amitabha, dont Shamarpa est une émanation. A Dhagpo, les deux journées y seront consacrées du matin au soir, mais à chacun de donner le temps qu’il peut. Les petites ruisseaux font les grandes rivières. Ce sera bénéfique pour ceux qui l’accomplissent et par la force des souhaits et de la dédicace, pour tous les êtres.

Lorsque l’on dit que l’activité des bodhisattvas de grande réalisation est inconcevable, transcende le temps et l’espace, ce n’est pas une image. Néanmoins, cette activité est subordonnée à l’ouverture des êtres ordinaires, son déploiement dépend de la foi et du mérite accumulé par chacun. Un jour, le Bouddha et Ananda, son disciple, marchaient tout les deux ; ils croisèrent une vielle femme. Ananda demanda au Bouddha pourquoi il ne l’aidait pas. Le Bouddha répondit que cela ne servirait à rien car il n’y avait pas les causes pour que ce fut possible. Ananda insista. Le Bouddha se dirigea alors vers la vielle femme, il se mit face à elle pour lui parler. Elle se retourna. Le Bouddha la contourna et lui parla à nouveau. Elle se retourna encore une fois. Et ainsi plusieurs fois. Ananda dut se rendre à l’évidence : dans le bouddhisme il n’y a pas de sauveur. Le Bouddha a déployé tous le moyens concevables (et inconcevables) afin d’aider les êtres, mais le chemin dépend de chacun.

Les deux jours de commémoration du départ de Shamar Rinpoché sont pour nous tous une occasion de plus de nourrir le lien, de créer les causes, de rassembler les conditions pour pouvoir, une fois encore – et au plus vite – rencontrer une personnification de l’activité éveillée : le 15è Shamarpa.

Pour plus d’info pratique sur comment se joindre à ces évènements, visitez la page du progamme de Dhagpo.