Le 2 novembre 1977, le XVIe Karmapa, Rangjung Dorjé (1924-1981), achevait une semaine de pratique profonde du vajrayana, la pratique de Korlo Demchok, sur le terrain situé au sommet de la côte de Jor.

Par cette pratique intensive, le XVIe Karmapa a pris possession du lieu et, en ce jour d’automne, a scellé la bénédiction de la lignée karma kagyü en terre périgourdine. Il nomma cet endroit Dhagpo Kagyu Ling, « le lieu de la transmission des enseignements », et le désigna comme son siège principal, cœur du réseau européen de la lignée.

Plusieurs siècles auparavant, en 1189, le Ier Karmapa, Düsum Kyenpa (1110-1193), avait accompli les mêmes gestes et prononcé les mêmes paroles, au Tibet, lorsqu’il fonda le siège des karmapas, le monastère de Tsurpu.

Karmapa a scellé la bénédiction de la lignée karma kagyü en terre périgourdine

Plusieurs siècles et des milliers de kilomètres séparent ces deux événements dont la signification est pourtant identique : ancrer la bénédiction de la lignée kagyü en un lieu où elle sera préservée et d’où elle pourra rayonner pour être utile aux êtres sensibles.

Depuis, chaque année, une pratique d’offrande par la fumée (ou sang) commémore et ravive ce jour. Cette pratique avait aujourd’hui une saveur particulière. Alors que les diverses substances d’offrande étaient déversées dans le feu et répandues partout par la fumée, comment ne pas se rappeler la succession ininterrompue de maîtres et d’étudiants qui ont foulé le sol de Dhagpo ? Parmi les pratiquants assis dans le temple ce matin, certains n’étaient pas nés il y a 40 ans, alors que d’autres ne sont plus. La bénédiction demeure pourtant en ce lieu où l’enseignement du Bouddha est transmis et reçu pour être transmis de nouveau.

Le rituel se termine dehors, dans la douceur automnale, au sommet de la côte de Jor.

Le rituel se termine dehors, dans la douceur automnale, au sommet de la côte de Jor. Les drapeaux à prières sont renouvelés et transportent dans l’azur les souhaits, les aspirations bénéfiques et l’immense gratitude des pratiquants rassemblés : quelle formidable opportunité que de tels lieux existent et qu’ils perdurent grâce à l’engagement de tous !

Comme l’a dit Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa, lors de son enseignement à la communauté :

« Je pense qu’il est important de se rappeler d’où nous venons et quelles sont nos racines. Nous pouvons commencer par nos parents – qu’il s’agisse de nos parents biologiques ou d’autres – qui sont à l’origine de notre vie. De la même façon, notre vie spirituelle a commencé avec les enseignants que nous avons rencontrés et qui nous ont guidés jusqu’à aujourd’hui. Il est très important de connaître ce lien et de s’en souvenir. »