"Lama Jampa Thayé est venu, les 8 et 9 août derniers, répondre à une question qui nous concerne particulièrement : que peut apporter le bouddhisme aux Occidentaux ?"

Quarante ans après la fondation de Dhagpo Kagyu Ling, l’un des premiers centres bouddhistes installés en Occident, lama Jampa Thayé est venu, les 8 et 9 août derniers, répondre à une question qui nous concerne particulièrement : que peut apporter le bouddhisme aux Occidentaux ? Mais d’autres interrogations viennent aussitôt se greffer sur celle-ci ! Pourquoi a-t-on besoin du bouddhisme ? Quels bienfaits peut-il nous apporter ? En ce XXIe siècle, comment peut-il transformer notre vie ? Quels pièges nous faut-il éviter ?
Comme le rappelle lama Jampa Thayé en guise d’introduction, nous avons pour habitude de rechercher le bonheur à l’extérieur alors qu’il réside dans notre esprit, bien que nous l’ignorions. C’est un peu comme posséder un merveilleux trésor chez soi et s’efforcer de le trouver ailleurs ! Dès le début de son enseignement, lama Jampa Thayé donne donc une réponse universelle à la question principale : « la possibilité de reconnaître notre nature ». Voilà ce que le bouddhisme peut nous apporter.

"« La possibilité de reconnaître notre nature ». Voilà ce que le bouddhisme peut nous apporter."

Pour évoquer le besoin que l’Occident a du Dharma et les conditions qui ont été nécessaires à son implantation, lama Jampa Thayé fait un saut dans le temps et revient quelques siècles en arrière. L’histoire de la religion, de la science et de la politique occidentales témoigne des différents domaines dans lesquels nos ancêtres ont essayé de trouver le bonheur – en vain. Cette quête d’absolu s’est faite à travers diverses réformes et révolutions menées par des personnages tels que Luther, Calvin ou Descartes. Mais alors, comment le bouddhisme s’est-il frayé un chemin jusqu’à nous, parmi tous ces courants de pensées, toutes ces découvertes scientifiques, tous ces modèles politiques ? Lama Jampa Thayé répond que la laïcité et la liberté de pensée amenées par ces multiples réformes ou révolutions ont permis de laisser un peu de place à d’autres spiritualités ou religions que le christianisme. Néanmoins, bien que cela soit peu connu ou passé presque inaperçu, les premiers contacts du bouddhisme avec l’Occident remontent à l’Antiquité : d’abord à l’époque de l’empereur Ashoka (1), qui aurait envoyé un émissaire à Alexandrie – alors capitale de l’Égypte grecque –, puis à travers le manichéisme (2). La « véritable » rencontre du bouddhisme et de l’Occident s’est produite plus tard, lors de la colonisation de l’Asie, mais le lien entre ses différents courants (au Japon, en Thaïlande, etc.) ne paraissait alors pas évident. Quoi qu’il en soit, nous avons tendance à croire que le bouddhisme est tout nouveau en Occident, alors qu’il est apparu depuis un moment déjà et a même eu le temps d’être plusieurs fois à la mode ! Et si la vie du Bouddha nous paraît bien éloignée de notre époque, en l’étudiant nous pouvons remarquer beaucoup de caractéristiques communes entre son temps et le nôtre bien que 2500 ans nous séparent.

"Les premiers contacts du bouddhisme avec l’Occident remontent à l’Antiquité"

Le Bouddha – Art gréco-bouddhique du Gandhara, Ier-IIIème siècle après J.C. – Musée Guimet

Lama Jampa Thayé aborde ensuite une autre question, non moins essentielle : que signifie « être bouddhiste » ? Être bouddhiste, c’est avant tout prendre refuge dans les trois joyaux ; nous faisons cette démarche dans le but d’être protégés de la souffrance, de l’égocentrisme et d’une mauvaise compréhension de la réalité. Trois types de motivation peuvent nous pousser à prendre refuge : la peur, la foi ou la compassion.

Ceci étant dit, être bouddhiste peut se faire de deux manières : par la confiance ou par la compréhension. La confiance est celle que nous développons en contemplant les qualités des trois joyaux : le Bouddha (le but), le Dharma (le chemin) et le Sangha (les guides). Comprendre ce que sont les trois joyaux évitera le développement de vues erronées – comme le sectarisme – et nous encouragera à suivre les préceptes généraux de la prise de refuge – comme la résolution de ne plus nuire aux êtres. La compréhension, quant à elle, s’acquiert par la réflexion sur les « Quatre Sceaux » qui viennent anéantir quatre croyances incorrectes. Ces Quatre Sceaux nous démontrent l’impermanence, la souffrance et l’inexistence d’un soi propres à tous les phénomènes composés, ainsi que la paix apportée par le nirvana (ou éveil), phénomène non composé provoquant l’extinction de la souffrance et de ses causes.

"Au quotidien, le Dharma se vit à travers trois entraînements qui le rendent particulièrement approprié à notre époque : la sagesse, la méditation et l’éthique."

Au quotidien, le Dharma se vit à travers trois entraînements qui le rendent particulièrement approprié à notre époque : la sagesse (investigation, analyse de la nature des choses), la méditation (expérience qui affine notre attention) et l’éthique. Pour éviter de se méprendre sur le bouddhisme occidental naissant, il est important de savoir à la fois d’où nous venons (les conditions qui ont permis son implantation) et quelles sont les caractéristiques du Dharma. À travers son enseignement du week-end, lama Jampa Thayé s’est généreusement employé à mettre ces connaissances à notre disposition.

Notes : 

(1) Empereur indien ayant vécu aux IVe-IIIe siècles avant notre ère.
(2) Religion fondée au IIIe siècle de notre ère, mêlant christianisme, zoroastrime et bouddhisme.

Merci à lama Puntso pour le partage de ses notes prises pendant l’enseignement.

Pour en savoir davantage sur lama Jampa Thayé et son activité visitez : www.dechen.org