est-ce un adieu?

Shamar Rinpoché est donc mort il y a un an. À Dhagpo, nous avons consacré la période située entre les deux dates de son départ (selon les calendriers tibétain et occidental) à pratiquer en sa mémoire, à nous relier à lui et à prier pour son prompt retour.

Il est encore difficile pour moi de réaliser ce que sa mort signifie. Je ne vais plus rencontrer l’homme que j’ai connu. Je ne vais plus lui offrir de kata, je ne vais plus entendre sa voix menant la prière de refuge ni, lorsqu’il enseignait, ses petites plaisanteries sur notre étroitesse d’esprit. Cela je le comprends. Et en ce sens, il me manque. Mais d’une certaine façon il me semble qu’une partie de moi-même comprend également qu’il est toujours à mes côtés, et aux côtés de tous ceux qui entreprennent de se connecter par l’esprit à ce qu’il nous a légué. C’est ce que nous avons été amenés à faire ensemble à l’occasion de l’anniversaire de son parinirvana : Tchenrézi, Amitabha, Gyalwa Gyamtso… des pratiques qui nous relient aux qualités qu’il incarnait et souhaitait nous voir réaliser.

Quand je pense à lui, quand je me concentre sur mes souvenirs des moments passés auprès de lui, sur les enseignements que j’ai reçus et sur tout ce qui s’est produit dans ma vie grâce à lui, et que je me rappelle les différentes choses que j’ai comprises à la lumière de tout cela… tout est encore là.   La protection de sa sagesse et la certitude que je peux m’appuyer sur cette compréhension qu’il m’a aidée à développer sont intactes.

Parfois je suis effrayée sur le chemin. J’ai des inquiétudes au sujet de la longueur de la route et sur ma capacité à la parcourir. Je me demande si je comprends les implications du refuge ou de l’éveil ; je suis en fait sûre que non… Mais je tourne mes pensées vers eux néanmoins, parce que j’ai vu qu’ils m’aidaient. Ce que Rinpoché nous a donné, c’est un exemple : ce que j’ai vu en lui, je souhaite le réaliser.

le recueillement

C’est à la fois une inspiration et une protection.

Quand la peur et le doute s’élèvent, Shamarpa demeure dans ma conscience comme une lumière infinie – vive, pure, inaltérable –, une manifestation de sagesse et de compassion que j’ai eu la chance de rencontrer dans cette vie, et que tant d’entre nous ont eu le bonheur de connaître.

Et pour cela, je suis simplement reconnaissante. J’aimerais être en permanence en contact avec la conscience de sa présence, de ses qualités et de ma propre compréhension, plutôt que par instants seulement, quand j’en ai besoin ou quand je m’en souviens. Mais je suppose que c’est cela la pratique ; et sur notre chemin, nous avons au moins sa lumière pour indiquer la direction. En attendant, prions pour son retour, parce que c’est en partie ainsi que nous pourrons continuer.