Trônant au cœur de la salle d’enseignement, il est devenu incontournable depuis près de trois ans. Mais connaissez-vous la genèse du Bouddha de l’Institut ? Découvrez dans cet article l’étape 1 : de la conception à la livraison de la statue.

L’histoire du Bouddha de l’Institut est indissociable de celle du bâtiment qui lui sert aujourd’hui d’écrin. Alors que le projet de l’Institut suivait son cours, c’est à Gérard Guinot que lama Jigmé Rinpoché a commandé la statue centrale de l’autel.

"(...) c’est à Gérard Guinot que lama Jigmé Rinpoché a commandé la statue centrale de l'autel."

Ce sculpteur professionnel commence à travailler en lien avec des centres bouddhistes en 1984, année où, alors qu’il est de passage à Kagyu Ling (Bourgogne), il apprend que le centre cherche quelqu’un qui pourrait sculpter les biches et la roue du Dharma du temple. Son frère et lui s’en chargent et, dès lors, les grands maîtres de passage parlent autour d’eux de ces sculpteurs sur métal, les faisant ainsi connaître. Par la suite, d’autres centres feront appel à Gérard Guinot. Jamgön Kongtrül le fera d’ailleurs venir dans un centre de la lignée karma kagyü près de New York pour assembler, dorer et transformer une statue dont les morceaux avaient été créés au Népal. Kunzig Shamar Rinpoché fera aussi appel à lui à plusieurs reprises, notamment à New Delhi et à Rumtek. On lui doit entre autres la statue du grand temple du Bost (réalisée avec son frère) et, parmi ses œuvres à venir, se trouvent une statue commandée pour le monastère de Shar Minub (5 mètres de haut et 1800 heures de travail), des stoupas destinés à contenir les reliques de Kunzig Shamar Rinpoché et la nouvelle statue du petit temple de Dhagpo.

"Enfin, les pièces sont assemblées, puis vient le moment des finitions sur le cuivre."

Le Bouddha de l’Institut est représenté exécutant le mudra de l’enseignement : c’est le Bouddha dit « de Sarnath », nom du lieu – également appelé parc des Gazelles – où il donna son tout premier enseignement (sur les « Quatre Nobles Vérités » ou « Quatre Vérités des [Êtres] Nobles », selon les traductions). Ce moment de la vie du Bouddha, considéré comme primordial puisqu’il marque « la mise en mouvement de la roue du Dharma », est célébré à l’occasion du Chokhor Düchen ; Sarnath est d’ailleurs devenu l’un des lieux saints du bouddhisme – et donc une étape de pèlerinage. On ne manquera pas de remarquer que la statue de l’Institut diffère de celle du petit temple : cette dernière quant à elle représente le moment de l’éveil du Bouddha (sa main gauche repose dans son giron et tient un bol d’aumône, tandis que la droite touche la terre pour la prendre à témoin de son éveil). C’est une posture traditionnelle que l’on trouve fréquemment dans les lieux de pratique – ce qui paraît logique puisqu’elle fait justement référence au fruit de la pratique en question !

"La production d’une statue comme celle de l'Institut commence avec des dessins (...)"

La production d’une statue comme celle de l’Institut commence avec des dessins, d’abord à l’échelle 1/10e (environ), puis grandeur nature (cela peut aussi être des gabarits, grandeur nature également), afin de situer la forme finale dans l’espace. Ensuite, le sculpteur façonne des pièces de cuivre qui sont assemblées à la soudure. Pour le visage, il est parfois plus aisé d’en sculpter un en bois, à partir duquel plusieurs pièces de cuivre sont créées – le nez est généralement fait séparément. Enfin, les pièces sont assemblées, puis vient le moment des finitions sur le cuivre. Ces procédés, Gérard Guinot a pu constater qu’ils étaient très semblables à ceux utilisés en Asie, si ce n’est que les outils diffèrent légèrement et que certaines techniques (de soudure, ou bien le dessin pour situer la forme dans l’espace) n’y sont pas pratiquées. Quand on lui demande s’il a rencontré des difficultés pour créer le Bouddha de l’Institut, il répond que toutes les commandes qu’il a eu à exécuter en lien avec le bouddhisme l’ont obligé à se dépasser sur le plan technique et que la complexité est toujours présente, même si elle prend différents aspects selon la dimension du sujet. En tout, il aura fallu environ 5 à 6 mois pour sculpter le Bouddha de l’Institut, réalisé en feuilles de cuivre recouvertes de feuilles d’or et mesurant finalement 2,30 mètres, aura comprise (soit près de 2 mètres sans l’aura).

C’est le 12 juin 2013, veille de l’inauguration de l’Institut par Kunzig Shamar Rinpoché, que la statue a été livrée et a intégré son autel temporaire. Son dossier et son aura ne furent livrés que plus tard et c’est d’abord sans eux que les centaines de personnes présentes pour l’inauguration ont découvert le Bouddha de l’Institut. Mais qu’importe, il devint immédiatement l’un des symboles de Dhagpo et servira d’ailleurs de modèle aux tsa-tsas proposées comme supports d’offrande cette année-là (1)

"(...) le Bouddha de l’Institut (...) servira d’ailleurs de modèle aux tsa-tsas proposées comme supports d’offrande cette année-là..."

Merci à Gérard Guinot et Loïc pour leur contribution à la préparation de cet article !

→ Blogs de Gérard Guinot : http://gerard-guinot.blogspot.fr/ (sculpture traditionnelle) et http://gerardguinot.blogspot.fr/ (sculpture contemporaine).

(1) À noter : elles sont toujours disponibles à la bibliothèque, si vous souhaitez vous en procurer une pour soutenir le financement de l’Institut.


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